La triste nouvelle est parvenue aujourd'hui : les blagues
Carambar, c'est terminé. Avec cette disparition, c'est un peu de nos
rêves d'enfants qui s'évanouissent. Rappelez-vous...
Tu sortais de l'école (exceptionnellement, le MIAM te tutoie vu
que nous voyageons dans tes souvenirs de marmot). Comme tous les
jours, ce crétin de Philippe t'avait remonté le slip au niveau des
aisselles et la maîtresse t'avait grondé pour un rien... Ben ouais,
jeter le poisson rouge dans les toilettes pour voir si ces dernières
communiquent avec la mer, c'est des sciences naturelles, non ?
Bref, c'est le moral dans les chaussettes que tu attendais ta maman,
les yeux humides (les chaussettes aussi car il avait plu et que tes
Kickers prenaient l'eau) et le cartable en berne (ouais, ça veut
pas dire grand chose mais la formule fait « littéraire »,
on dirait du Lévy).
Tes camarades étaient déjà partis (même ce crétin de
Philippe) et ta maman n'était toujours pas là. Tu commençais à te
dire qu'elle ne viendrait jamais, qu'il te faudrait trouver un autre
foyer sur une étoile ou sur un oreiller, au fond d'un train ou dans
un vieux grenier. Tu serrais les poings mais retenir tes larmes te
semblait insurmontable. C'est à ce moment qu'elle apparût enfin
dans sa R5 verte. « Monte vite mon chéri ! Maman est
désolée d'être en retard. Pour se faire pardonner, Maman t'a
acheté un Carambar ». Là, ta journée s'illuminait enfin. Tu
prenais le Carambar dans ta petite main glacée et tentais d'en
enlever délicatement l'emballage pour éviter de le déchirer et
d'avoir du mal à lire la blague... 4 minutes plus tard, tu arrachais
tout parce que « flûte de zut » (tu ne disais pas encore
« bordel de merde »), ce fichu papier était aussi collé
au caramel qu'un député à sa circonscription. Fébrile, tu
rassemblais les morceaux d'emballage froissés et tu reconstituais la
blague :
« Le roi souffre des dents. Son dentiste lui dit :
- Sire, il faudrait changer de couronne. »
Tu n'avais pas bien compris la blague mais tu souriais quand même
et la racontais aussitôt à ta mère (qui s'en foutait royalement
mais qui te félicitait d'un « c'est bien mon chéri »
qui te rappelait que, parfois, la vie est douce). Puis tu enchaînais
sur la devinette : « Quel est le sport préféré des
insectes ? ». Tu cherchais, tu cherchais... Et tu cherches
encore aujourd'hui, car la réponse avait été coupée...
Ces moments de bonheur, nos enfants ne les connaîtront pas. En ce
jour de deuil, le MIAM ne peut que partager ta peine et te donner
enfin la réponse à la devinette, c'était « le cricket ».
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